Premier roman de Jorgen Brekke, Le livre de Johannes, sorti en 2012 aux Editions Balland a réussi, en un peu plus de 470 pages, à m’étonner de bout en bout. Un thriller à la fois palpitant, mais aussi parfois gore et possédant surtout une trame littéraire particulièrement complexe et, je ne vous le cache pas, complètement casse-gueule. Mais Brekke réussit, au fil des chapitres entremêles, à construire un récit finalement fluide et haletant.
Laissez-moi vous planter le décor.
Bergen, septembre 1528. Un moine mendiant arrive en Norvège à la recherche de son vieil ami barbier, bien décidé à lui prendre ses couteaux.
Richmond, août 2010. Nous faisons connaissances avec Efrahim Bond, travaillant au musée Edgar Allan Poe et sur le point de mettre au jour des informations surprenantes au sujet d’un meurtrier Norvégien. Il sera finalement sauvagement massacré.
Trondheim, septembre 2010. Nous suivons Jon Vatten à bicyclette, ce chef de la sécurité de la bibliothèque Gunnerus. Il sera bientôt le témoin d’un autre meurtre odieux qui n’aura pas fini de soulever les interrogations.
Comme vous pouvez le constater, l’auteur se lance avec ce livre dans une mission périlleuse qui consiste à nous transporter dans différents récits, à des lieux et époques complètement différenciés. Pourtant, malgré l’apparent amoncellement de personnages et de détails, Brekke pointe à chaque fois son faisceau sur celui, celle, ceux qui formeront cette histoire aux multiples entrées. Et qui, pourquoi pas, deviendront la ou le meurtrier.
L’on en vient donc à s’attacher rapidement à chacun d’eux (Jon Vatten, Felicia Stone, Odd Singsaker, entre autres) tout en gardant dans un coin de son esprit qu’il faudra nécessairement que quelqu’un tombe le masque et devienne ce tueur sanguinaire, violent et pervers qui nous fascine un peu.
Et ce fameux livre de Johannes me direz-vous ? L’allusion au livre n’intervient réellement qu’à la 60ième page, avec des explications très succinctes sur cet ouvrages d’anatomie du XVIème siècle qui a révolutionné la médecine moderne mais a aussi soulevé bien des interrogations.
L’auteur va d’ailleurs encore plus loin dans l’empilement des récits en proposant, au travers du personnage de la bibliothécaire Siri Holm, une analyse des romans policiers et de la façon dont les auteurs aiment nous perdre lorsque nous recherchons le meurtrier. Une mise en abîme plutôt bien trouvée, qui touche même l’un des personnages principaux, un enquêteur, qui concède :
« Il y a des romans policiers où l’assassin est un enquêteur souffrant de troubles de la mémoire et qui enquête sur lui-même. Mais bon, nous ne sommes pas dans un thriller, se dit-il, même s’il aurait préféré sue ce soit le cas. Pour l’instant, il n’avait pas la force de vérifier son propre alibi »
Bien joué Jorgen Brekke, j’ai même du prendre des notes pour essayer de trouver la solution (photo pour preuve).
Ce fut efficace puisque j’ai finalement démasqué le coupable, mais seulement quelques pages avant le dénouement. Pas faute d’avoir tergiversé un long moment.
Lu en une semaine, avec une envie folle de m’y remettre à chaque moment de pause, tout en oubliant de surfer sur mes sites préférés : le contrat est rempli, ce livre est une franche réussite.
Le livre de Johannes
Jorgen Brekke
Roman en français traduit du norvégien
Paru le 19 janvier 2012 aux Editions Balland
Paru le 06/03/2013 aux Editions Livre de Poche
Genre : Thriller
ISBN: 9782353151394
There are 2 comments
Oh ben voilà qui me donne bien envie ! Ajouté dans ma « Pile à Lire » 😉 Merci pour cet article !
(En plus, avec la Old Library de Trinity College en fond je ne peux que succomber ^^)
Héhé, j’espère que tu apprécieras, ça m’a vraiment tenu en haleine.