Comme vous l’aviez probablement compris, la question du contenu sur internet me passionne : comment intéresser et apporter quelque chose (émotion, information) aux internautes, petits humains en perdition dans les trilliards de contenus produits chaque jour sur la toile ?
Faut-il encore respecter cette règle non dite du blog ou site web bien thématisé et facilement appréhendable ?
Faut-il proposer un blog qui rentre dans un thème pour être pertinent ?
Source : Dribbble
Comme toujours, c’est à la suite de différents faits concomitants (première et dernière fois que j’utilise cet adjectif) que ce post s’est imposé à lui-même.
D’abord je lisais Géraldine sur Café Mode « Douter pour avancer » sur la situation tendue dans les couloirs de l’Express et sur l’obligation, sur le web, de se renouveler. Une phrase m’a interpellée « Qui, en 2015, a envie qu’on lui dicte ses lectures en fonction de son sexe? » : c’est justement une réflexion que je mène en pointillés ici depuis le début.
Ensuite, les Golden Blog Awards. Je contemplais les résultats (je n’y suis pas, nous verrons l’an prochain) et une pensée m’a sauté au visage : et si je mettais trompée de catégorie pour Justeunedose ? Inscrite en Lifestyle, au milieu des blogs de fitness, healthy detox et autres joyeusetés, j’aurais finalement pu m’inscrire en « actualités web ». Mais d’un autre côté, c’était vraiment réducteur, puisque je vous parle aussi de mes voyages, de Lyon, de mode, parfois de choses un brin plus personnelles…
Et s’il était impossible d’exister sur le web avec un blog laboratoire qui ne rentre dans aucune case ? Et si internet nous conditionnait à écrire tous de la même manière ? Ecrire, c’est renoncer ?
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D’abord un fait : oui, le géant Google préfère toujours les sites dont la ou les thématiques sont clairement définies. Plus facile à saisir, plus facile à classer et plus facile à comprendre, d’autant plus pour un robot.
Le moteur de recherche aura donc tendance, sauf si vous jouissez déjà d’une énorme popularité sur internet, de positionner des sites dont la thématique globale est liée aux voyages par exemple, et aura plus de mal à mettre dans les premier résultat un contenu sur un voyage perdu au milieu d’un site traitant de dizaine d’autres sujets. C’est logique : un site web qui développe une thématique spécifique a probablement plus d’expertise sur un sujet qu’un site multi-thématisé. Il est aussi plus simple à comprendre par Google.
Sur cette thématique particulière (un quartier spécifique de New York) se positionnent d’abord des sites qui n’évoquent que la thématique de New-York
En outre, il ne fait pas bon être un blog sans thématique bien définie vis à vis des agences de relations presse digitales et des annonceurs.
Imaginez : vous êtes un communiquant ou une marque et vous souhaitez toucher votre audience, votre cible, en passant par un influenceur, un blogueur vraiment pertinent. Votre intérêt ? Travailler vite, gagner du temps et rien de tel qu’un site bien thématisé pour mieux remplir votre tableau excel. Effectivement, il est bien plus aisé de penser par thématique et de se tourner vers un blog mode ultra classique de présentation de look quotidiens ou un blog beauté qui se serait lancé dans des tests de produits, que d’essayer de toucher un blogueur dont l’audience est moins ciblée, donc moins qualifiée.
*Nota bene : une audience qualifiée, dans ce contexte, est la masse de personnes touchées qui correspondrait à de véritables clients potentiels pour la marque. Effectivement, pour un blog beauté, 100% des lectrices sont nécessairement intéressées par une nouvelle marque de mascara. Mais pour un blog multi-thématiques, combien seraient potentiellement intéressés par ce type de produit ? Difficile à savoir et probablement peu.*
Si vous vous intéressez aussi au contenu web, vous verrez que l’on nous bassine assez régulièrement sur l’importance d’un contenu court et efficient face à une audience de plus en plus volatile. Infobésité, consommation rapide, simplification à l’extrême pour un public pressé mais avide d’infos : nous voilà donc contraint à ne jurer que par l’image, avec des contenus courts, percutants, construits sur un plan similaire, en paragraphes distincts et inscrits dans une thématisation bien délimitée. Cela serait le Saint-Graal du contenu sur internet.
Sauf que.
Le contenu web parfait n’existe pas et à force de passer sa journée à recopier son voisin, on fini par nécessairement appauvrir notre discours et à perdre notre identité propre. Dommage hein ?
L’environnement digital semblerait effectivement hurler : si tu veux avoir une audience, alors saisis-toi d’une thématique fixe et accroche toi à ce que l’environnement digital attend de toi. Propose à ta cible ce qu’elle attend, et copie les recettes qui fonctionne : inscris toi dans une case et donne vite un titre à ton blog.
Comme pour tout, en réalité, il n’y a rarement qu’un seul chemin.
Sortir des cases, délibérément, c’est en fait bien souvent enrichir son propos, mais c’est aussi personnaliser son média en ligne. Combien de blogueurs s’écartent désormais de l’ultra thématisation pour proposer de véritables magazines, bien loin des réducteurs « blogs de mode » « blog beauté » « blog voyage » et « blog Lifestyle » ?
Là je pense par exemple à Ma Récréation qui est le parfait exemple du site inclassifiable mais néanmoins ultra addictif tout comme Dettachée de Presse qui aurait du mal à rentrer dans une case mais qui me séduit très souvent, ou encore dans une moindre mesure We love New York qui ne parle pas seulement de New York aujourd’hui !
Mais attention : ne pas rentrer dans une case ne veut pas dire ne pas avoir de ligne éditoriale. Celle-ci s’attache à définir la façon dont on s’exprime sur un média. Car effectivement, un site qui souhaite développer une audience ne peut pas parler de tout, n’importe comment.
Tout média se rattache toujours à une ligne éditoriale, même si celle-ci est fluctuante ou inconsciente, comme une longue corde à laquelle l’on se raccroche et qui détermine la façon dont on s’exprime. C’est ce qui va forger son identité et sa reconnaissance collective.
Elle est parfois difficile à exprimer, mais regardez-bien, chaque site un brin pertinent à son petit « je-ne-sais-quoi » (à lire avec l’accent américain) qui fait son charme. Un peu comme une personne, oui c’est ça.
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De la même façon que la presse subit une remise en question profonde, l’espace blogging risque fort de rentrer dans un clivage important : d’un côté les blogs ultra-thématisés, où l’on viendra chercher une information à l’expertise pointue (hi-tech, finances, mais aussi beauté et make-up si l’on y réfléchit) et d’un autre des espaces plus libres, sans ciblage sexué spécifique, où l’on vient pour un ton, pour une ambiance particulière et pour découvrir des informations et des points de vue éditorialisés que l’on n’aurait pas pu imaginer.
Mon regard est forcément biaisé. Mais je me rend compte que de plus en plus, mes lectures vont vers des médias en ligne qui s’adressent à moi non pas pour une thématique particulière, mais par rapport à de nombreuses sphères d’intérêts qui me touchent.
Je pense à Mashable, Refinery29, Complex Magazine… Si tu veux une liste, n’hésite pas, je partage.
Et en tant qu’éditeur de contenu, je ne sais pas dans quelle mesure j’arriverais à m’épanouir en me focalisant seulement sur une de mes sphères d’intérêt.
C’est peut-être un brin égoïste, mais comme dans ma journée, je peux à la fois m’intéresser à des campagnes de communication digitales, à des informations liées à la santé (c’est récent mais mon nouveau travail fait que), des contenus plus visuels, des chats, des blagues, des lieux à découvrir à Lyon et ailleurs, des vidéos de Jimmy Fallon et d’Amy Schumer, des recettes vegan, encore des chats, des avant-après de nanas sur instagram, des documentaires sur la mode… BREF comme je suis un être multiple, comme nous sommes tous des êtres multiples, j’ai aussi envie de parler de tout ce qui fait ma journée et mes pensées.
Et ça va continuer longtemps comme ça pour moi : j’espère que l’on continuera ensemble.
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Tellement d’accord avec toi, je me posais justement les mêmes questions il y a peu de temps.
Comment fait-on lorsque l’on a pas envie de se ranger soi-même dans une case ? Et comment faire lorsque son blog n’est absolument pas catégorisable ?
Mais après tout, qu’est-ce qu’on s’en carre ? Pour ma part, le principal reste de me faire plaisir 🙂
En tout cas, peu importe que le tien le soit ou non : c’est toujours un plaisir de te lire !
Longue vie à Justeunedose !
Parce que je suis con, j’ai pas cité ton blog, mais y’a des lignes où je pensais ouvertement à toi, pour le petit « je-ne-sais-quoi » que tu as notamment.
Pas de thème, mais du caractère, je pense que c’est un très bon choix.
Merci reine du mucus du nez, longue vie à vous aussi !
Je suis au final très peu de blog non thématisés, justement parce que très nombreux sont ceux qui oublient l’importance de la cohérence de ton, si le blog/site n’a volontairement pas fait le choix d’un axe thématique unique. Et perso, les fourre-tout mal calibrés ont vite fait de me lasser. C’est aussi, à mon sens, beaucoup plus difficile de se démarquer quand on a fait le choix de la non-thématisation. C’est notamment pour ça que j’ai choisi le thème du vampire, à la base : pouvoir parler de littérature, cinéma, voyage, musique… mais en utilisant un axe commun pour le faire, car je n’avais pas envie de me retrouver face aux 1001 webzine qui existaient déjà et parlaient de ces sujets sous l’angle de l’imaginaire.
C’est vrai que c’est justement toute la complexicité de l’affaire : comme un blog trop thématisé peut perdre en « identité » et en originalité, un blog qui part dans tous les sens sans cohésion n’a aussi aucun intérêt. Si j’avais eu le courage de renoncer à certaines choses, je pense que je proposerai quelque chose aux lignes plus claires et c’est avec un peu de regret que je n’y arrive pas. Effectivement pour toi, ce qui me semble pertinent c’est que justement en partant d’un point de départ net tu as su explorer d’autres univers tout en restant cohérent. Mais j’imagine qu’il y a eu du renoncement aussi 🙂
si peu ^^
En tout cas, je ne travaille plus le SEO du site de manière approfondie. J’estime que la base est saine et que ce que j’ai mis en place est pérenne, même si fait défaut au site une version responsive, qui est au cœur de mes préoccupations ces temps-ci. Mais c’est davantage d’un point de vue utilisateur que SEO.
Je te rejoins complètement… Sur la question du format court, j’ai lu des choses très intéressantes là dessus sur le blog de Manon Woodstock et sur Un invincible été aussi. Il y a une forme de résistance à engager aussi devant ces tendances à la standardisation. Personnellement j’aime beaucoup les sites et blogs qui arrivent à garder cette diversité tout en conservant une ligne, un fil conducteur. De mon côté je pense que mon blog est « multi thématisé », mais si on rajoute à ça le fait que je n’ai pas de nom de domaine, du coup un référencement bof… Niveau fréquentation ça reste très médiocre aha. Mais je me dis qu’il faut d’abord se préoccuper du contenu, et le reste vient ensuite, éventuellement, selon le temps qu’on veut y consacrer et les objectifs qu’on se donne
Oui, c’est très intéressant, moi aussi je pense que les lecteurs ne s’y trompent pas et que c’est le coeur que l’on met à l’ouvrage qui compte (cela fait un peu chamallow mais quand même) ainsi que les personnalités derrière. Par esprit de contradiction, j’ai du mal avec les formats courts, sauf pour de la news d’actualité chaude, et sortir des standards est bien plus agréable 🙂 A très bientôt !
Justine