[Suite de mon carnet de voyage. Pour revenir en arrière, c’est ici.
Aujourd’hui, notre lieu de villégiature à Chicago]
Parler de ce quartier, c’est un peu appréhender notre séjour dès ses prémisses. Ce lieu, cette maison si semblable aux autres a été un peu notre QG, l’endroit où l’on s’est senti rapidement comme chez nous sans que cela ne le soit totalement. Depuis le salon, la large fenêtre nous permet de regarder les gens qui passent, le marchand de glace, les grosses voitures un peu vieillottes, parfois.
Devant, l’herbe est bien verte, arrosée presque chaque jour par l’oncle grâce à un système d’arrosage automatique qui ne lui a jamais fait défaut. La rue est plutôt propre, malgré ses imperfections et toujours calme à chaque heure du jour ; le soleil, le soir vers 17h, l’éclaire d’une façon tout à fait ravissante, la maison étant orientée ouest, là où le soleil chauffe vivement et colore le ciel. Le jardin, situé derrière comme dans toutes les propriétés américaines, est minuscule, donnant l’impression de n’exister que pour les barbecues du week-end ou pour mener au garage.
A l’intérieur de la maison, tout est simple, sans fioritures. Des petites chambres ça et là, un canapé en cuir noir trop mou et l’obligation d’enlever ses chaussures lorsque l’on rentre. Je ne sais pas si je peux la considérer comme la maison typique Américaine, car finalement, c’est plutôt la patte Vietnamienne que l’on ressent. A l’odeur surtout -ce qui n’est pas forcément pour me déplaire- mais aussi à l’ouïe, avec ce Karaoké qui rend fou.
Autour, des maisons qui se ressemblent toutes ou presque. Certaines bicoques en face ou à l’arrière semblent en piteux état et prêtes à s’écrouler ; d’autres, comme la notre, se ressemblent en tout point et sont visiblement faites pour durer (si l’on ne gratte pas trop le plâtre). En avançant plus loin, une petite école prend vie, surtout vers 15h30 et l’on a l’impression de se rapprocher de la frontière Mexicaine. Et là, au détour d’un trottoir, c’est l’espagnol qui nous surprend. Il nous entoure, se balade sur les devantures, s’extirpe des bouches sans mal : une manière de comprendre en quelques secondes le phénomène des ghettos.
C’est à cet instant que l’on se demande : « une famille Vietnamienne dans un quartier Latino ? ». C’est en fait que les ethnies se mélangent plus ou moins. Et finalement, si l’on s’y intéresse un peu mieux, les voisins tout proches sont eux aussi tout à fait asiatiques, faisant pousser des légumes étranges, comme de gros cornichons pendants.
Cette maison fut donc notre point de repère, point d’ancrage dans une ville bien gigantesque ; il est l’un des rares endroits excentré de l’hyper-centre que je puisse bien indiquer sur une carte (avec un peu de réflexion tout de même). L’on s’y sentait bien, le matin où il fallait se presser et partir avec la tante ; le soir aussi où, vers l’ouest, le soleil réchauffait notre visage alors que nous regardions passer les voitures ou le vendeur de glaces. Mais nous n’avions pas le temps de nous y reposer complètement, tant il y avait de choses à voir.
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